Ma première école / ma première classe (unique)
Année scolaire 1973 / 74
Vous reconnaissez-vous ?
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Vous reconnaissez-vous ?
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1973 /1974
Après deux années de formation essentiellement théorique et un stage d’un trimestre en situation à Chatenois, l’Éducation nationale, téméraire, m’a confié à l’année ma première école. C’était un choix « imposé ».
Je débarquai donc un jour de septembre 1973 avec cartable et bagages à Gredisans, petit village près de Dole, dont j’ignorais jusqu’ alors l’existence.
Ma surprise fut de taille puisque je découvris une école sans cour de récréation, sans préau, en plein centre d’un petit village au demeurant charmant de la région doloise, au pied de la forêt de la Serre, qui n’était pas sans rappeler les villages vignerons du Mâconnais.
Ma surprise ne s’arrêta pas là car l’entrée de l’école était encombrée d’une multitudes de cartons, de meubles et d’objets divers: l’enseignant précédent déménageait. Celui-ci me fit entrer dans une classe, elle aussi très encombrée, qui semblait dater du siècle de Jules Ferry avec un vieux poêle à bois qui trônait au milieu, des murs défraîchis, un tableau noir antique…
De surprises en surprises
La découverte de la réalité du terrain me laissa pantois. J’étais à des lieues des classes d’applications sur-équipées que j’avais fréquentées durant ma formation. L’atterrissage fut un tantinet brutal.
Mon effarement se prolongea avec la visite du logement de fonction. Il se trouvait juste au dessus de la salle de classe et jouxtait une petite pièce qui faisait office de mairie. On entrait par la cuisine et là autre surprise, il y a avait un trou d’une vingtaine de centimètres de diamètre dans le plafond qui offrait un aperçu du grenier. Je découvris par la suite que ce grenier était un dépotoir sans nom et avait servi « de décharge » ce qui expliquait que la pourriture avait fini par percer le plafond. Il était habité de joyeux rongeurs qui pointaient le bout de leur museau par ce trou, étonnés d’avoir de la visite.
Une première chambre était fréquentable mais le plancher de la seconde était en si piteux état qu’il était conseillé de ne pas s’y aventurer. Seule la salle de bain était « contemporaine » du vingtième siècle.
Passé l’étonnement j’allai trouver le Maire qui habitait une grosse maison presque bourgeoise en haut du village et là, je tombai en pleine prise d’otage : un commando de « Septembre noir » avait détourné un avion et tout le monde était cloué devant la télévision.
On m’offrit un café et on m’installa moi aussi devant la télé. Vu que la situation n’avançait pas, une bonne demi heure après, on s’occupa enfin de moi.
Je fus néanmoins fort bien accueilli et je trouvai un Maire chaleureux (Monsieur Millé si ma mémoire ne me trompe pas), compréhensif qui s’efforça par la suite malgré les pauvres moyens de la commune de me rendre l’école la plus agréable possible.
La réfection de la classe fut entreprise, les peintures refaites, un beau tableau vert posé et je pus sévir dans un cadre rafraîchi, agréable.
Je ne manquais pas d’occupations ni de visites: celles régulières des petits rats qui pointaient leur museau par le trou du plafond de la cuisine et s’ébattaient bruyamment la nuit.
Mes premiers élèves
Gredisans comptait à l’époque 83 habitants et avait été en partie « repeuplé » par quelques familles de Portugais dont j’avais les enfants, si bien que sur les 18 élèves, 10 étaient d’origine portugaise. Pas nécessairement facile à gérer une telle diversité quand on n’a pas d’expérience.
De plus, j’avais tous les niveaux dans cette classe unique, de la grande section de maternelle au CM2 avec quelques élèves « pas des plus faciles ». L’entreprise s’annonçait plus que délicate mais je relevai le défit avec l’enthousiasme et l’inconscience de ma jeunesse. Si on m’avait proposé cette situation après 30 ans de carrière, je me serais enfui !
La fleur au fusil, je me lançai dans l’exploration des manuels dont je disposais et qui étaient aussi antiques que l’école. Je découvris quelques vieux « Rémi et Colette », bonne vieille méthode de lecture syllabique et il me fallut « apprendre à apprendre » avec cette méthode ci. Mes pauvres élèves de CP !!! Ai-je réussi à leur apprendre à lire ?
Malgré toutes ces difficultés, j’ai adoré cette classe, ces gamins « pittoresques » et attachants, parmi lesquelles quelques « grandes filles » quasiment ado !
Les parents d’élèves furent des plus charmants et des plus compréhensifs. Je fus régulièrement invité à dîner par le Maire, par la famille Cachot dont j’avais les deux filles à l’école (Muriel et Lydie) et je me souviens encore de la mousse au chocolat de leur maman !
J’ai passé à Gredisans, malgré toutes les difficultés et mon inexpérience, une belle année et c’est avec une émotion certaine que j’ai quitté les lieux. J’y serais volontiers resté mais l’armée, qui comptait sans doute sur moi, m’attendait avec impatience vu que j’étais multi-sursitaire !
Encore aujourd’hui, je fais de temps à autre un détour nostalgique pour revoir « ma première école » et ce charmant village, pittoresque, propret qui a beaucoup changé.
La marie / école de nos jours (photos 2017)
La petite ruelle que je barrais ponctuellement d’une chaine et qui servait de cour de création à « mon époque »
En ce début de carrière, je m’étais intéressé à la méthode « Freinet » et j’avais mis en pratique quelques bases, notamment en sortant mes élèves des murs de la classe, en faisant des activités en extérieur: de lecture, de découvertes, ludiques sportives…